Régulièrement, les vicissitudes de la vie politique héninoise sont présentées comme une irrésistible tragicomédie avec son lot d’improbables trahisons, de coups fourrés dignes de Pieds Nickelés des temps modernes et sa savoureuse galerie de portraits. Un postulat pris au pied de la lettre par Maurice Lecat, qui était jusqu’en mars dernier directeur de cabinet d’Eugène Binaisse. Et a vécu aux premières loges intrigues ubuesques, petits déchirements entre amis et scènes dignes d’une comédie de Boulevard. Assez pour faire naître petit à petit, chez lui , la matière première d’un spectacle dédramatisant une vie politique héninoise qui s’apparente souvent à un vaste champ de bataille. Un « one man show » sous le nom de Ridbac (dir'cab en verlan), qui sera testé ce vendredi soir à Béthune avant une représentation prévue le 10 décembre (le lieu reste à définir), à Hénin-Beaumont. Entretien.
– Mais qu’est ce que vous nous faites là ? Et pourquoi ce titre de « Men in back » ?
« À force de faire des petites remarques sur la vie politique locale, j’entendais des gens autour de moi me dire « Ah, ça, c’est plutôt bien ! » Depuis que j’ai un peu plus de temps à moi en ayant quitté Hénin-Beaumont, je me suis mis à écrire. Et « Men in back », c’est en référence au film « Men in black » avec cette idée : comme les « Men in black » s’attaquent aux extraterrestres et font ensuite oublier aux gens ce qu’ils ont vu, « Men in back » essaie de faire oublier aux Héninois les dérives auxquelles ils sont confrontés. C’est un peu le fil conducteur… »
– Ça devrait fâcher énormément de gens tout ça ? « Ah bon, je ne sais pas, ce n’est pas le but, mais plutôt de donner mon sentiment sur la situation de cette ville qui ne méritait pas ça. Il n’y a pas d’agression gratuite ni de méchanceté… Mon idée est de réhabiliter la République et de dépasser les batailles de personne. »
– C’est une catharsis pour vous quelque part ? « Peut-être, pourquoi pas ! C’est vrai que dans un rôle comme celui que j’ai pu avoir où je n’ai jamais eu le pouvoir qui peut revenir à un directeur de cabinet, on peut y penser. Mais je n’ai pas de rancœur… »
– Vous avez failli vous-même être acteur de cette élection… « Ça m’avait traversé la tête mais le jeu de rôles sur place était trop compliqué et ce n’était pas la peine de rajouter un acteur, ça n’aurait rien facilité. Ce qu’il fallait, c’était renvoyer une image d’unité à la population mais ça a été plus que raté. Cette ville, ça me renforce quand je vois la mission qui a été confiée aujourd’hui à M. Moisan, avait besoin de choses pragmatiques. Mais entre ça et faire réfléchir les services pendant deux ans sur l’éventualité d’un bâtiment administratif, c’est forcément deux mondes qui s’entrechoquent… »
– Une manière de régler certains comptes ? « Je ne dénonce pas les erreurs faites puisque j’ai été au quotidien à essayer d’en dévier. Après, mon taux d’écoute n’a pas été à la hauteur de ce qu’il aurait dû être. Ce qu’il y avait de bien, toutefois, avec Eugène Binaisse c ‘est que je pouvais lui dire facilement les choses et je ne m’en privais pas mais les influences autour de lui étaient plus fortes… »
– Comment va-t-il évoluer ce spectacle ? « À Béthune, ce sera un teaser du spectacle qui passera à Hénin où j’inviterai à l’occasion de l’anniversaire des Droits de l’homme. Ensuite, on verra ce qu’il en adviendra. Vous savez, ce n’est pas du stand up où l’on rigole toutes les dix secondes, l’idée est plus de proposer aux gens une réflexion et de les booster un peu… Ça n’étonnera que ceux qui ne me connaissaient pas vraiment parce que j’avais déjà parlé de ça à pas mal de gens auparavant. Même à Eugène Binaisse. Et comme il était un peu inquiet, je l’avais alors rassuré… »
Vendredi 21, 19 h, à la Halle Club, grand place, Béthune.
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