Dans le «Front antinational», paru en juin dernier, l'actuelle porte-parole de Nicolas Sarkozy dénonçait le discours du parti... pas si éloigné de ce que défend son candidat.
Page 26 du Front antinational (éditions du Moment), l’alors ministre de l’Ecologie écrit: «Le Front national, au plus profond de lui-même, avec un grande constance dans ses discours, vient buter contre ce socle commun, pour refuser par la "préférence nationale" le cœur du contrat social. Il refuse la République. Il se met hors la loi républicaine. Il est antirépublicain.» Un discours direct et clair de la part d’une membre de l’UMP qui avait déclaré peu avant (elle s’en explique dans le livre) qu’en cas de second tour entre PS et FN, elle voterait socialiste. Le genre de déclaration qui vaut aujourd’hui une volée de bois vert à son ancienne collègue du gouvernement Chantal Jouanno
Mais ce qui trouble le plus à la lecture du Front antinational, c’est que ce que NKM reprochait il y a un an au programme du Front national ressemble (dans certains aspects)… aux discours du candidat dont elle porte la parole. Quelques exemples.
Page 19-20, l’élue plante le décor : «[Le FN] tient un discours de combat qui vise deux cibles : "l’immigration" et "l’élite" politique. Le message est simple et efficace : les élites politiques sont incompétentes et corrompues. […] Quant aux immigrés, ils sont dénoncés comme des étrangers qui abusent de notre hospitalité, trop généreuse, et refusent de respecter nos usages.» Le diagnostic sur le discours n’est pas faux…
Page 51, NKM démonte les argumentaires du FN sur l’immigration : «Le FN affirme que l’immigration coûte à la France (60 milliards d’euros disent-ils). La dernière étude économique montre au contraire que l’immigration a un solde positif d’environ 12 milliards d’euros.» (Elle se réfère aux travaux de Xavier Chojnicki.) Puis page suivante «les immigrés sont des actifs, ils contribuent de manière nécessaire et profitable à l’économie de notre pays» même s’il faut «combattre les abus et les fraudes». Un discours plus nuancé que celui de Nicolas Sarkozy qui justifie son projet de diviser l’immigration légale par deux l’immigration pour « protéger l’équilibre de nos régimes sociaux».
Page 53, NKM s’alarme «le FN prétend que la France doit sortir de l’espace Schengen» et écrit : «Mettre fin à Schengen signifierait l’arrêt de toute coopération en matière de régulation des flux migratoires, entre pays membres de l’Union. Et cela signifierait sans aucun doute pour notre pays une augmentation exponentielle de l’immigration clandestine. Le FN ne semble pas s’en être rendu compte.» Pas plus que Nicolas Sarkozy qui menace de suspendre Schengen dans un an si son fonctionnement n’est pas réformé.
Page 56, la maire de Longjumeau s’attaque aux caricatures du FN, «à tel point que son étranger envahisseur, musulman intégriste, violent, polygame, abusant de la générosité sociale française devient parfaitement fictif.» Que dit mardi Nicolas Sarkozy à Longjumeau sur les terres de NKM ? «Est-ce que je peux demander aux Français de faire des efforts et en même temps accepter une immigration motivée par notre système social, un des plus généreux d’Europe ?» Et si on ne l'a pas entendu parler de polygamie, il a ajouté mercredi un élément à ses discours : «toutes ces horreurs, l’excision, nous n’en voulons pas sur le territoire de la République».
Et que ne faut-il surtout pas faire face aux « angoisses » de notre société selon Nathalie Kosciusko-Morizet ? Céder à la «tentation de la fermeture », dit-elle en conclusion (page 86) : «Se rétracter. S’enfermer en ses frontières. Protéger d’un monde hostile ce qui reste de notre art de vivre. Mais c’est le pire moyen d’aimer la France ! A ce régime, elle étouffera vite.» Voici pourtant ce qu’elle entend à longueur de discours de son candidat s'adressant à l'électeur «qui ne veut pas que son mode de vie change» (en Alsace, mercredi) : «Le monde d’aujourd’hui, c’est un monde qui a besoin de nation, qui a besoin de frontières. Mais la frontière, la frontière, imaginez que votre maison ou votre appartement, il n’y a pas de titre de propriété ou de titre de location ! Imaginez une minute que vous ne soyez pas assuré de la propriété ou de l’acte de location ! A ce moment-là, vous voyez le voisin comme un adversaire, pas comme un ami. […] Imaginez qu’on vous empêche de fermer la porte, de fermer les fenêtres et les volets, dans quel état seriez-vous dans votre chambre ? La frontière protège, la frontière est là pour cela.»
Les dernières phrases du Front antinational semblaient pourtant claires : «La peur, le ressentiment peuvent faire un parti. Pas un avenir.»
En conclusion, et si demain on changeait le Monde en virant le Petit Nicolas ?.
OT.
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