Braderies
S'il y a une chose qui « signe » l'identité du Nord, c'est bien les braderies. Rendez-vous incontournable de la vie sociale et économique, de leurs origines à nos jours, elles sont toujours aussi vivaces.
Petite histoire des braderies
La braderie est souvent liée à la ducasse (fête foraine) ou à une fête de la bière ici, à une fête du houblon là. La braderie tient du vide-grenier et de la foire à l’encan.
Au Moyen Âge (enfin, c'est ce que raconte la tradition orale), la domesticité avait obtenu l'autorisation, une fois l'an, de vendre les vieux vêtements et autres objets usagés de leurs maîtres. À l'époque, cette braderie s'appelait la « franche foire », car ni l'État ni la commune n'imposaient la recette ou le droit de place.
Les braderies prirent de l'ampleur au fil des siècles. Aujourd'hui, celle de Lille connaît un succès qui étonne. Les sociologues parlent du « besoin de se retrouver ensemble », dans un monde où les rapports sociaux passent de plus en plus par les machines (portables, Internet, TV...).
On vide les greniers, on sort tout le saint-frusquin, on déballe le fourbi, on expose le capharnaüm. De quoi étonner un marchand de souk arabe ! Et tout est étalé pour être vendu sur les trottoirs des villes et des bourgs. On vend n’importe quoi. On discute ! On boit. On mange.
Voir la plus grande, la braderie de LiIlle.
Estaminets
C’étaient les lieux des contrats paysans, qui ne dédisaient pas de peur d’être cochon, et des embauches ouvrières. Des contrats qui liaient les gens par la parole et par les sous. Contrats laïcs mais sacrés. Il y avait d’autres heures et d’autres jours pour les sacrements religieux. Estaminet rural.
Dans les villes et les bourgs ouvriers, l’estaminet était plutôt la chapelle de gauche. Dans ces temps de labeur long et de paternalisme fort, un ouvrier viré n’avait pratiquement aucune chance de retrouver de l’ouvrage. Les patrons, et même jusqu’au directeur des services publics aux ordres, posaient un veto total et souvent irréversible. Alors le licencié, sans diplôme et sans plus d’avenir prolétaire, ouvrait un estaminet. Et c’était le rendez-vous de tous les syndicalistes, de tous les « espéreurs » de grand soir, de tous ceux qui pensaient révolution.
Estaminet, lieu de mémoire. Les combats de coqs sont interdits et la fumée du tabac n'est plus écologiquement correcte. Mais si vous cherchez bien quelque part le long de la frontière ou le long d'un canal, vous découvrirez peut-être l'un des derniers. Et vous comprendrez alors les lieux de la convivialité vraie. De la convivialité de classe. Car l’estaminet était (est encore, chut...) ce que le pub est à l’Irlande. Un espace de liberté et d'espoir.
Un certain renouveau
Les « vrais » estaminets ont presque tous disparu. S'il en demeure quelques-uns en Flandre, c'est surtout en ville qu'on les a redécouverts. Lille réapprend les tables à touche-touche, les univers confinés et les murs couverts de vieilleries. Si ce n'est que là, les vieilleries proviennent de la brocante ou de chez l'antiquaire et non plus du grenier de grand-mère.
Ainsi voit-on éclore, au cœur du Vieux-Lille et même ailleurs, quelques établissements qui cherchent dans cette direction. Les plats sont servis comme le vin, chauds, et, même si les prix ne sont pas d’avant-guerre, ils ne sont pas encore de la suivante. Alors, filez-y vite !
Géants
Les origines
Ils sont apparus durant l'occupation dite espagnole, lorsque Charles Quint récupéra une partie de la Picardie, de l’Artois et du Hainaut qu’il considérait appartenir à sa famille.
Il est possible que les Espagnols aient importé la tradition de fabrication des géants portés en osier qu'on trouvait déjà en Espagne.
À la différence de nombre de mannequins, les géants ne sont pas brûlés mais font l'objet d'une profonde vénération populaire. Si le beffroi symbolise la puissance des communes, le géant représente en effet l'âme du peuple, joyeux.
Il en naît de nouveaux chaque année, qui représentent un héros local, un animal fabuleux, un fondateur de la cité ou un métier caractéristique : marin-pêcheur, mineur, dentellière, gouailleur de talent, métallo...
Fêtes traditionnelles
Carnavals
On pense que ces fêtes médiévales sont à l’origine des carnavals du Nord d’aujourd’hui. Quelques indices : on jette toujours quelque chose à la foule déguisée ; on porte toujours quelque chose enprocession. Aujourd’hui, dans les villes du Nord, le carnaval est devenu incontournable.
On dira quand même en trois mots celui de Dunkerque... C’est génial !
Ça se passe là-bas dans les temps d'avant carême, au temps où les terres et le mardi sont gras, au temps du droit à la viande, de l'aval à la carne (d'où « carnaval »). Ça dure une semaine. Et commence le folklore. Et commencent les musiques, les chants.
Imaginez des kyrielles de masques. Une armée de clowns, de ramoneurs, de Peaux-Rouges habillés souvent n’importe comment avec n’importe quoi.
Une mer avec des vagues, qui hurle ses chants et sa joie et sa liberté. Manif’ festive qui ne revendique que le fait d’être là dans la provocation hilare. Un bordel intégral, enchanteur, un peu craignos et contagieux. Et partout la musique et le répertoire populaire sortant de mille gorges.
Et voilà que, depuis le balcon de l’hôtel de ville, le maire lance ses gendarmes sur la foule (rassurez-vous, aucune répression). Et quand, le soir, les carnavaleux entonnent l’hymne à Jean Bart, on a la chair de poule. C’est la canonisation vox populi du plus célèbre Dunkerquois. Il faut voir ça au moins une fois dans sa vie.
Et partout dans le Nord, par ces temps de fête, sortent les géants. Ce sont des personnages de carton-pâte, peints dans des couleurs vives où dominent le plus souvent le rouge feu et les jaunes allumés, et armés d’une structure d’osier.
Ducasses
La ducasse, c'est la fête patronale du bourg ou du quartier dans le Nord - Pas-de-Calais. Ducasse, contraction du mot dédicace (on dédicace ce jour au saint de la paroisse). Cet événement est un peu laïcisé aujourd'hui. La ducasse du Nord, c'est la kermesse flamande, c'est le pardon breton. C’est un air d’accordéon entre les baraques foraines. C’est le bal populaire, le tour de carrousel et la cuite des célibataires.
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