Peur de la mondialisation, crise économique, prises de position du gouvernement actuel (sur les ROMS notamment), affairisme (affaire Woerth/ Bettencourt), voilà le terreau qui, selon Alain Duhamel, a permis au Front National de retrouver de la vigueur ces derniers temps.
Vigueur qu’il s’agit malgré tout de relativiser, car si la personnalité de M. Le Pen possède davantage d’atouts pour séduire que celle de son père, il n’en demeure pas moins que sur le fond, les idées du FN demeurent , selon le célèbre journaliste politique, inchangées et seront toujours rejetées par une grand majorité des français.
Nous vous proposons ici le compte rendu de sa chronique réalisée sur RTL le 14 janvier dernier.
A la veille du congrès du Front National qui sera marqué par le départ de Jean-Marie Le Pen de la présidence et par son plus que probable remplacement par sa fille Marine, comment peut-on expliquer le regain du Front national ?
Alors, c'est vrai qu'il y a un regain du Front national et tous les sondages et Dieu s'il y a en a eu depuis quelques jours qui ont été rendus publics - le confirment bien. Cela dit, cela n'est en rien une surprise. D'une part, il y a aujourd'hui une crise mondiale, mais spécifiquement européenne. Dans tous les pays européens, sous une forme ou sous une autre, il y a des poussées de nationalisme, de xénophobie, de protestations, notamment dans les milieux populaires qui sont ulcérés, angoissés, par une situation dont ils ont le sentiment qu'elle leur échappe, que la mondialisation est en train de le punir pour des faits qu'ils n'ont pas commis.
Donc, ils en veulent à toutes les catégories. On voit ça dans tous les pays de l'Est ou Europe latine. Par exemple, en Allemagne, en ce moment, il y a des livres qui obtiennent des succès colossaux sur ce genre de sujets. Et puis il y a une dimension française. La dimension française, c'est - il faut dire les choses comme elles sont - que la droite gouvernementale a un peu fait tout ce qu'il fallait pour faciliter les choses au Front national dans la phase actuelle.
Le fait d'organiser pendant l'été un débat à propos des Roms, c'était aller exactement sur le terrain du Front national. Le fait d'avoir organiser un long débat sur l'identité nationale, là aussi ça ne pouvait que pousser une fraction de l'électorat de la droite vers le Front national. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit. Et quand on pense à des affaires comme l'affaire Woerth-Bettencourt, il est évident que c'est pain béni pour le Front national.
Cela dit, ce dont il s'agit aujourd'hui, c'est un coup de semonce. Il ne faut non plus oublier que les Français regardent le Front national comme un parti qui sait poser les questions dérangeantes mais qui est incapable de donner les réponses.
Marine Le Pen est-elle politiquement vraiment différente de son père ?
Non, elle n'est pas vraiment différente de son père. D'ailleurs, le fait qu'elle lui succède n'est pas une façon de tuer le père. C'est une façon de le prolonger. Bien entendu. Alors oui, bien entendu, elle a quelques différences. C'est une femme, ce n'est pas la même génération, elle prend des précautions oratoires un peu plus que son père, elle essaie de donner le sentiment qu'elle n'est pas étrangère à une certaine modernité. Tout ça est vrai. Mais sur le fond, d'abord en ce qui concerne le comportement et le caractère, quand on a eu l'occasion d'interroger l'un et l'autre, soit la même année, soit à quelques années d'intervalle, on s'aperçoit qu'ils sont extraordinairement semblables. C'est à dire très autoritaire, avec beaucoup de talent d'expression, avec un culot absolument phénoménal, avec une capacité à torturer les chiffres pour qu'ils correspondent à ce qu'ils croient. Qu'il est quelque chose de très visible.
Et puis, surtout sur le plan idéologique, là on voit que c'est la même chose. C'est à dire le Front national et la famille Le Pen, c'est d'abord de l'ultra-nationalisme, c'est de l'autoritarisme, c'est de la protestation volontaire, utilisée jusqu'au bout. Et tout ça est commun. En réalité, ça ressemble extraordinairement à ce qu'était les ligues françaises au début des années 30. Ce qu'il faut bien le dire, n'est pas exactement encourageant.
Marine Le Pen peut-elle espérer l'emporter à l'élection présidentielle ?
L'élection présidentielle, elle ne peut sûrement pas espérer l'emporter, parce qu'il le trois-quart des Français qui ne voteraient pas pour le Front national. En revanche, l'idée qu'elle soit à un second tour, on ne peut plus l'exclure. Même si le fait que son père y soit parvenu, est plutôt un handicap, parce que l'on se dit : "et après tout, si ça se passait !"
Lu sur le blog d’Alain Alpern , quelle est votre analyse de cette situation et quel moyen d’action possible.
Cordialement
Anonyme a dit…
« On a Michel Vilain, un type de chez nous, que j’ai fait nommer au centre communal d’action sociale, il y a un an et demi, et il ne s’occupe que de ça. C’est l’élu du Front qui gère le fonds d’intervention sociale de la commune d’Hénin-Beaumont »
Ce M.Vilain n’a t’il pas un devoir de reserve en tant que membre du CCAS et si oui est il condamnable ?
Rédigé par : philippe | 18 janvier 2011 à 11:53