Il est impossible, du moins pour moi, de dissocier vie professionnelle et vie politique. Après avoir obtenu mon diplôme de directeur , puis être passé sous les fourches caudines du jury de la liste d'aptitude* , je fus nommé à la direction de l' Institut Médico Educatif de Hénin Beaumont.( juillet 80) . Je fus alors amené à côtoyer les administrateurs de ce qui s'appelait l' ALEFPJ.( Association laïque d'enseignement et de formation professionnelle pour les jeunes) Cette association était administrée par une équipe de militants dont la plupart ( hommes et femmes) furent résistants. Par ailleurs ils avaient le cœur à gauche ( souvent socialistes ) et tous militaient dans d'autres œuvres laïques. Nombre d'entre eux étaient Francs Maçons . Tout naturellement, je fus amené à militer dans plusieurs œuvres laïques . ( ex : Solidarité laïque...MAE dont je devins administrateur). Par ailleurs de syndiqué, je suis passé au statut de syndicaliste au SNI PEGC ( Conseiller syndical et membre d'une commission ayant pour vocation de défendre les collègues directeurs en difficulté vis à vis de l'administration centrale). Bref! je baignais dans un bain de militantisme. Quant à l'IME qui était le plus gros établissement de ce type dans le Pas de Calais, j'y eus à faire avec une équipe Ô combien compétente mais essentiellement constituée de professionnels, eux même formés dans des écoles dont les formateurs étaient imprégnés de l'esprit 68, celui de la contestation. Au début, j'en ai bavé, c'était "marche ou crève". Les exigences du conseil d'administration dont le président était Pierre Talleux ( éminent syndicaliste, mutualiste) et l'esprit qui régnait dans l'établissement m'ont forgé une carapace qui m'a beaucoup aidé dans mon parcours politique, car là, on y reviendra, j'ai pris quelques coups dont certains ne se seraient jamais relevés. A noter également, qu'au sein de cet établissement, j'avais à présider un comité d' entreprise, un CHSCT , les réunions de délégués du personnel, et à permettre aux représentations syndicales de pouvoir exercer leurs fonctions....Il résultait de tout cela que "hors le murs" j'étais syndicaliste et dans les murs " le patron" ( Les salariés disaient "le boss"). Evidemment, il fallait gérer et animer l'établissement. Les trois premières années furent celles d'un test permanent; tant du point de vue de l'équipe médico éducative que de celui de mes hiérarchies ( Conseil d'Administration. DDASS et Education nationale). Grosso modo j' étais vécu comme un emmerdeur " ramenant trop souvent sa fraise" et n'ayant pas sa langue dans sa poche. ( dans tous les cas ne pratiquant pas les réponses de Normand, expression que tout le monde connait sans avoir besoin de Wikipedia) . Ces trois années, avec le recul, je les revis comme l'apprentissage du militantisme et celui de la confrontation aux réalités ( économiques et sociales).Le syndicalisme est également une excellente école où l'on s'initie à l'art du dialogue, de la négociation et du compromis ,à ne pas confondre avec la compromission. Il y s'agit de savoir faire un pas vers l'autre et toujours jouer "gagnant gagnant". Le radicalisme en la matière y est totalement inopérant.
Certes, je ne pus pendant ces trois années militer politiquement, me contentant de payer mes cotisations.
* j'y reviendrai car ce fut très significatif et drôle.
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