Nul ne peut me reprocher le respect que j'ai des hommes de foi et des religions en général. Je me suis déjà prononcé plusieurs fois sur ce blog à ce sujet. C'est pour cela, entre autre, que je me reconnais pleinement dans les valeurs laïques qui exigent que chacun puisse pratiquer sa foi sans avoir à craindre quoique ce soit. Oui, mais cela sous entend, qu'en aucun cas une religion puisse bénéficier d'un quelconque avantage, et à contrario qu'aucune autre soit pénalisée. Donc qu'on le veuille ou non, reconnaître la laïcité comme valeur fondamentale de République implique une équité absolue dans les rapports que l' Etat et les autres instances publiques entretiennent avec les religions, mais toutes les religions.
La loi 1905, l'une des plus modernes de notre république est très claire à ce sujet:
- Article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. [...] »
Cette loi se veut conforme à la devise républicaine. Par l'article 1er, l'État garantit la liberté de conscience, c'est-à-dire le droit de ne pas être croyant, et la liberté de culte si on l'est. Par l'article 2, l'État, les départements, les communes assurent leur neutralité à l'égard des citoyens, en refusant d'accorder des avantages spécifiques à certains en raison de leurs pratiques
C'est très clair, " aucun avantage", donc aucun "désavantage"....et donc nécessité absolue de considérer l'islam comme une religion ayant en France, les mêmes contraintes, mais également les mêmes droits. Sur ce sujet, il faut reconnaître à Pierre Darchicourt ( Maire de 1989 à 2001) de l'avoir parfaitement compris et d'avoir facilité ( sans contrevenir à l'esprit de la loi 1905), le droit aux musulmans de pratiquer leur religion. Un espace existe dans notre ville suffisamment important en superficie, en salles de réunion et bien évidemment doté d'une mosquée. De fait, les musulmans ont toute latitude pour "pratiquer", mais également organiser des activités culturelles et festives. J'y suis personnellement allé plusieurs fois et me suis rendu compte qu'il y règne une absolue tolérance.....
Or sur ce sujet, je voudrais dire deux mots sur le positionnement du Front National. Chacun sait que le FN tient à s'approprier le principe de laïcité. Or, ses discours ne suivent pas avec l'esprit de la loi de 1905. L'on ne peut se prévaloir de la laïcité et parallèlement considérer le christianisme comme ensemble religieux, si je puis dire " dominant". Je suis le premier à dire que depuis 2000 ans le christianisme a laissé des traces importantes dans notre façon d'être, dans notre culture, dans notre patrimoine, dans notre inconscient collectif, mais cela ne peut en aucun cas justifier des attitudes discriminatoires envers d'autres religions et notamment l' Islam qui est désormais la deuxième religion en France. Or, en mettant sans cesse en avant " les racines chrétiennes de la France ", le FN ne fait rien d'autre qu'afficher une préférence contradictoire avec la laïcité, pierre angulaire de notre République, et valeur dont il se réclame désormais. Par ailleurs le prises de position du FN sont très significatives: " Si l'exercice de tous les cultes est libre, aucun ne peut sembler se substituer aux réalités de la longue durée nationale".....C'était en 2012 , le FN avait ainsi protesté contre la volonté d’une association musulmane d’acheter une église de Vierzon (Cher) pour la transformer en mosquée. Une transaction privée, hors du champ de la loi de 1905. Par communiqué, le parti s’était indigné contre la vente . En quoi est-il aberrant qu'une église soit transformée en mosquée ? Celles et ceux qui connaissent un peu l'histoire des religions savent qu'il existe de nombreux exemples de ce type. Autre exemple: Le FN milite pour la prohibition «du voile ou de tout autre signe religieux» pour les usagers des services publics. Ailleurs, le FN plaide même pour l’extension de cette règle «à l’ensemble de l’espace public», l’envisageant dans les transports publics. Sur ce sujet, nous pourrions discuter mais pourquoi donc seul le voile est il cité ? Les prêtres, les sœurs catholiques auront elles encore le droit d' utiliser les transports publics ? Bref quand il s'agit des musulmans, tout est dit mais c'est beaucoup moins clair pour les autres religions, notamment chrétiennes.
La laïcité, oui, mais toute la laïcité ! Et Rien que la laïcité ! Respect des religions, respect des non croyants. Aucune discrimination entre les religions n'est passible.Et de ce point de vue la position Frontiste est très discutable. Le principe de laïcité n'est pas modulable en fonction de l'ère du temps. Il est ou il n'est pas appliqué .Le principe de primauté d'une religion est absolument incompatible avec la loi de 1905.
A G.B : "Les écoles normales primaires étaient à cette époque de véritables séminaires, mais l'étude de la théologie y était remplacée par des cours d'anticléricalisme.
On laissait entendre à ces jeunes gens que l'Eglise n'avait jamais été rien d'autre qu'un instrument d'oppression, et que le but et la tâche des prêtres, c'était de nouer sous les yeux du peuple le noir bandeau de l'ignorance, tout en lui chantant des fables, infernales ou paradisiaques.
La mauvaise foi des "curés" était d'ailleurs prouvée par l'usage du latin, langue mystérieuse, et qui avait, pour les fidèles ignorants, la vertu perfide des formules magiques.
La Papauté était dignement représentée par les deux Borgia, et les rois n'étaient pas mieux traités que les papes : ces tyrans libidineux ne s'occupaient guère que de leurs concubines, quand ils ne jouaient pas au bilboquet; pendant ce temps, leurs "suppôts" percevaient des impôts écrasants, qui atteignaient jusqu'à dix pour cent des revenus de la nation.
C'est-à-dire que les cours d'histoire étaient élégamment truqués dans le sens de la vérité républicaine .
Je n'en fais pas grief à la République : tous les manuels d'histoire du monde n'ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements.
Les normaliens frais émoulus étaient donc persuadés que la grande révolution avait été une époque idyllique, l'âge d'or de la générosité et de la fraternité poussée jusqu'à la tendresse : en somme une explosion de bonté.
Je ne sais pas comment on avait pu leur exposer-sans attirer leur attention- que ces anges laïques, après vingt mille assassinats suivis de vol, s'étaient entre-guillotinés eux-mêmes. "
Marcel Pagnol, dans " la Gloire de mon Père"
Rédigé par : anonyme | 30 mai 2015 à 18:01
A 18h01, tout d'abord, merci de votre contribution à ce blog. Mais là, vous parlez d'une époque que je n'ai pas connue. Jamais "de mon temps", je n'ai entendu de tels propos, je vous le garantis.
Rédigé par : GB | 30 mai 2015 à 18:20
Toujours à 18h20, je pense que les excès d'une époque suscitent celles de la suivante. " Les hussards de la République" suivaient l'époque de l'école majoritairement privée qui ne manquait pas, elle, de conditionner les esprits dans un autre sens.
Rédigé par : GB | 30 mai 2015 à 18:34
C'est vrai que ma mère et mon père gardent de l'école privée où ils étaient scolarisés, très peu de temps, car très pauvres, des souvenirs tristes: histoires édifiantes de diables et diablesses qui les brûleraient en enfer, de soutien actif à Pétain, de petites filles méchantes et à punir dont les soeurs plongeaient la tête dans une bassine d'eau froide, dehors, devant toute l'école... de l'éducation religieuse rabâchée, rabâchée...
Ils ont sans hésiter choisi pour leurs enfants, l'école publique.
Avec les derniers hussards noirs de la République qui m'ont élevée, donner le goût de lire, autre chose que les missels. Beaux souvenirs et grande tolérance.Merci à eux mille fois.
Mes enfants sont allés à l'école publique, à mon avis la seule école libre, émancipatrice, ouverte à tous, sans distinction d'origine ou de religion. Je ne le regrette pas.
Quand aux meurtres, assassinats, soumissions commis au nom de la religion, c'est une autre histoire, malheureuse et longue histoire.
Rédigé par : Fille de JJ | 30 mai 2015 à 22:54
Oh , Fille de JJ, vous avez sans doute connu des instituteurs laïques, militants, hommes et femmes de gauche, tous syndiqués mais je serais fort étonné que vous ayez connu en classe un hussard de la République, à moins que vous soyez très très âgée.....Même moi qui ai un certain âge pour ne pas dire un âge certain, je n'ai pas connu cette génération d'instituteurs.
Rédigé par : GB | 31 mai 2015 à 11:05
WIKIPEDIA: Hussard noir est le surnom donné aux instituteurs publics sous la IIIe République après le vote des lois scolaires dites « Lois Jules Ferry » et le vote de la Loi de séparation des Églises et de l'État en 1905.
Rédigé par : GB | 31 mai 2015 à 11:09
Je parlais évidemment de leurs héritiers, de leur esprit... d'une école où chacun, chacune était reconnu(e) pour son mérite et nom par par sa naissance,sa religion, son origine sociale ou sa couleur de peau. Chacune, chacun, selon son mérite donc.L'égalité républicaine donc. L'école conçue aussi comme ascenseur social.
Rédigé par : Fille de JJ | 31 mai 2015 à 12:23
A G.B :
Avant les "hussards noirs" de la République ( Pagnol reprend cette expression ), avant Jules Ferry, il y a eu - au moins ! - François Guizot.
C'est lui qui, dès 1833, soit bien avant Jules Ferry, qui crée l'obligation pour chaque commune d'ouvrir une école primaire, qui élève les instituteurs au rang de fonctionnaires publics, qui organise le recrutement et la formation d'enseignants compétents dans des écoles normales.
Mais il ne pousse pas sa réforme dans le secondaire, et sera injustement occulté dans la mémoire collective par Jules Ferry, qui généralisera sa réforme cinquante ans plus tard.
Rédigé par : anonyme | 31 mai 2015 à 22:52