samedi 19 mars 2011
Allocution de M.Georges BOUQUILLON 1er adjoint au Maire.
Mesdames, Messieurs,
Voilà aujourd'hui 49 ans, le Gouvernement de notre pays mettait fin à la guerre d'Algérie en reconnaissant le droit à l'indépendance du peuple algérien.
Cette guerre - longtemps qualifiée d'opération de maintien de l'ordre, ce qui en dissimulait la véritable nature - n'avait que trop duré. Elle n'avait apporté que malheur et désillusion à notre jeunesse et à notre peuple, sans parler des immenses souffrances endurées par les Algériens.
On y a justifié en tant que système, l'utilisation de la torture, et 30.000 de nos jeunes y firent le sacrifice de leur vie, dans un combat qui aurait dû être arrêté bien plus tôt si nos gouvernants avaient su discerner qu'il s'inscrivait à contre-courant de l'Histoire.
En Algérie et dans ce qu'il restait des empires coloniaux, la marche des peuples vers l'indépendance était en effet inéluctable.
Les aspirations à la liberté et à l'autodétermination étaient les plus fortes. Elles étaient incontournables.
Aujourd'hui, bien sûr, il ne saurait être question d’avoir une vison culpabilisante de l’Histoire, pas plus que de la réviser.
Nos soldats qui avaient 20 ans dans les Aurès et qui sont encore présents à cette cérémonie du souvenir, sont les derniers représentants d'une génération aussi largement impliquée dans une guerre faite par des appelés.
Ce sont désormais des professionnels qui font les guerres, mais les souffrances qu’elles infligent n’en sont pas plus supportables ou acceptables. Car le pétrole ou les intérêts géo-stratégiques en sont toujours les principaux moteurs, quand il ne s’agit pas de préserver les très gros intérêts des marchands d’armes, avant le recours aux pourparlers diplomatiques et aux négociations.
L’ancienne colonie française d'Algérie a toujours, quant à elle, bien des difficultés à se frayer un chemin vers la démocratie, mais cela n'autorise pas ceux qui en seraient tentés, de se poser en donneurs de leçons.
132 années de présence occidentale et 49 années d'indépendance -où la manne du gaz, richesse nationale, a si peu profité au peuple et à sa jeunesse - n'ont pas contribué à faire évoluer de manière décisive et moderne la société algérienne, seule issue pour annihiler, là comme ailleurs, les risques de l’intégrisme religieux.
Les plaies de l’Histoire sont longues à guérir et les réseaux de domination d’un monde unipolaire restent bien en place, même si les révolutions arabes sont en train de faire valoir les aspirations à la liberté, au progrès social et à la fin des oligarchies financières.
Pour l’exercice du devoir de mémoire, il y a des leçons universelles à tirer du passé et de l’expérience vécue au présent, car les peuples qui n’ont pas la mémoire de leur passé peuvent être entraînés à revivre ce qu’ils ont vécu.
Gardons-nous donc de décréter la fin de l’Histoire : elle est toujours en construction pour un avenir meilleur ; restons vigilants, critiques, constructifs. Ne nous accommodons nulle part du cri des martyrs, du cliquetis des armes et des bruits de bottes.
Ceux de nos enfants qui sont morts là-bas, en Algérie, nous le demandent, et c’est pour eux que nous sommes rassemblés ce matin : pour leur rendre ainsi hommage de même qu’à toutes les victimes civiles d’un conflit qui durera 7 ans et impliquera 2.700.000 jeunes français.
Ceux qui sont rentrés, souvent meurtris, mutilés ou rendus malades par cette guerre et ses privations, n’ont pas manqué de faire grandir l’aspiration des peuples à vivre en paix les uns avec les autres.
Leur combat d’aujourd’hui porte en lui-même le bannissement de toute idéologie raciste ou xénophobe, tout concept de choc des civilisations, parce que nous savons sur quoi cela peut déboucher.
Et je terminerai cette brève allocution en remerciant Monsieur le Président de la FNACA ainsi que le Comité de coordination et toutes les sociétés patriotiques.
Je vous remercie de votre fidèle présence, qui permet de pérenniser cette célébration du souvenir, dans un moment émouvant de solidarité humaine.
Je renouvelle enfin notre respectueux salut aux familles et aux descendants des disparus.
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