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20 septembre 2010

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Pour la première fois depuis un siècle, la Virginie exécutera une femme jeudi. Un cas d'autant plus polémique que Teresa Lewis souffre d'un retard mental important et que ses complices ont écopé de peines plus clémentes.

Pour la première fois depuis 1912, la Virginie exécutera jeudi une femme. Teresa Lewis, qui a commandité en 2002 l'assassinat de son mari et de son beau-fils, sera tuée par injection létale. L'affaire fait grand bruit aux Etats-Unis.

Non seulement la présence de femmes dans le couloir de la mort est plutôt rare - onze femmes ont été tuées sur les 1.200 personnes exécutées depuis la restauration de la peine capitale en 1976 - mais surtout Teresa Lewis souffre de graves difficultés d'apprentissage qui font d'elle une quasi-déficiente mentale et jette le doute sur sa responsabilité au moment des faits.

Tout commence en octobre 2002. Julian Lewis et son fils C.J., un réserviste de l'armée américaine, sont abattus dans leur sommeil par deux hommes, qui s'enfuient. La femme de Julian, Teresa, sort indemne du carnage : les meurtriers lui ont ordonné de quitter la caravane familiale, affirme-t-elle. Mais les forces de l'ordre, qu'elle a alertées 45 minutes après la fusillade, découvrent avec surprise que Julian est toujours vivant.

Agonisant, le patriarche a juste le temps de leur souffler «ma femme sait qui m'a fait ça». Impossible pour Teresa Lewis de nier l'évidence. L'intéressée, alors âgée de 33 ans, avoue avoir embauché Matthew Shallenberger, 22 ans, et Rodney Fuller, 19 ans, pour abattre son mari et son beau-fils.

Teresa Lewis a promis aux deux hommes rencontrés dans un supermarché de diviser entre eux les 250.000 dollars de l'assurance vie de C.J. Ce serait le motif du crime.

Une accro aux antidouleurs facile à manipuler

Circonstances aggravantes, Teresa a pris pour amant Matthew Shallenberger et a encouragé sa fille de 16 ans à faire de même avec Rodney Fuller. Par ailleurs, Shallenberger et Fuller avait tenté en vain une première fois d'abattre Julian alors qu'il rentrait chez lui. Le juge, qui condamne Teresa en 2003 à la peine capitale, la décrit comme la «tête du serpent» meurtrier et la considère alors comme le cerveau de l'assassinat.

Si les avocats de la trentenaire ne conteste pas l'horreur du crime, ils contestent la justice de la sentence. Depuis 2002, il est inconstitutionnel d'exécuter les déficients intellectuels. Or Teresa Lewis se trouve à la limite du retard mental. Souffrant de graves difficultés d'apprentissage, son quotient intellectuel a été mesuré à 72, le seuil de déficience reconnue par la loi est lui fixé à 70. Selon ses amis, Teresa est à peine capable de faire ses courses ou de gérer son argent.

Les psychiatres ont aussi diagnostiqué chez cette femme une personnalité dépendante et facilement manipulable par les hommes. Or Matthew Shallenberger, qui voulait devenir tueur à gage, a avoué dans une lettre avoir échafaudé les meurtres. Teresa était «exactement ce que je recherchais, une salope qui s'était mariée pour l'argent à qui j'allais faire facilement tourner la tête», a écrit le jeune homme, qui s'est suicidé en prison.

A l'époque du crime, Teresa Lewis, qui avait du mal à se remettre de la mort de sa mère, était en plus atteinte d'une addiction aux antidouleurs, avalant plus de 600 comprimés par mois. Une quantité propre à obscurcir son jugement. Cela pourrait aussi expliquer son manque de remords et d'empathie, qui firent, en 2003, mauvaise impression au juge.

Prisonnière modèle

Mais le plus incompréhensible pour ses défenseurs, c'est la discrimination dont Teresa Lewis semble avoir été victime. Ses deux complices, qui, comme elle, ont plaidé coupable, n'ont écopé que de la perpétuité. «Il serait extrêmement injuste que celle qui parmi les trois est la moins dangereuse pour la société, qui n'est pas davantage coupable soit la seule à mourir pour ce crime.

Son exécution fera davantage de mal que de bien à l'image de la peine capitale», a déploré Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort. Selon lui, si Teresa Lewis n'avait pas renoncé à un procès en bonne et due forme et si elle avait donc été jugée par un jury populaire, elle aurait reçu une sentence plus clémente.

Cette longue liste d'arguments n'a cependant pas convaincu le gouverneur de Virginie de commuer la peine de Teresa Lewis, prisonnière modèle, qui joue un rôle actif dans la vie religieuse de la prison. Le dernier espoir de la condamnée réside en une suspension de son exécution par la Cour Suprême, si les Sages décident d'examiner recours de ses avocats. Selon l'un d'eux, Teresa Lewis «veut vivre mais elle est en paix avec elle-même». «Elle dit que quoi qu'il arrive, elle sera gagnante».

Son cas suscite l'intérêt jusqu'en Iran. Le président Mahmoud Ahmadinejad a ainsi dénoncé le «silence des médias» sur Teresa Lewis et a comparé sa situation à celle de Sakineh Mohammadi-Ashtiani.

http://minilien.fr/a0lqgi

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