Le Comité international contre la lapidation avait annoncé une possible exécution pour ce mercredi, ravivant les inquiétudes à travers le monde.
Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à mort par lapidation, est toujours en vie et ne devrait pas être exécutée ce mercredi en Iran, contrairement à ce que craignaient ses soutiens, a affirmé le Comité international contre la lapidation.
"Sakineh Mohammadi-Ashtiani n'a pas été exécutée aujourd'hui. L'heure des exécutions est maintenant passée, ce n'est donc pas pour aujourd'hui. Mais le danger perdure et cela peut arriver à tout moment", a déclaré Mina Ahadi, du Comité.
Ce dernier affirmait mardi que l'exécution de Sakineh Mohammadi-Ashtiani aurait été programmée pour ce mercredi, dans la prison de Tabriz.
L'Iranienne, mère de famille de 43 ans, a été condamnée en 2006 à 10 ans de prison pour participation au meurtre de son mari avec l'un de ses amants, ainsi qu'à la lapidation à mort pour plusieurs adultères, selon les autorités iraniennes.
La communauté internationale a joué un rôle dans le fait que cette mère de famille ait encore la vie sauve. "Certains pays comme la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Union européenne via sa représentante Catherine Ashton et les Etats-Unis ont très bien réagi mardi" en s'inquiétant publiquement d'une exécution imminente, a estimé Mina Ahadi.
"Certains de ces pays ont été en contact avec des représentants du gouvernement iranien. Il est sûr que toute cette attention apportée (au cas de Sakineh) a eu un rôle. Mais l'exécution n'est que repoussée, elle n'est pas levée", a ajouté cette militante en exil en Allemagne.
Le cas de Sakineh a suscité une vague de contestations à travers le monde, lesquelles ont été ravivées par l'annonce de ce mardi.
Condamnation de la Maison Blanche
"Nous condamnons dans les termes les plus forts les projets apparents du gouvernement iranien de bientôt exécuter Sakineh Mohammadi-Ashtiani", a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs. "Le manque de transparence et de respect des procédures dans l'affaire de Mme Ashtiani, et les actes subis par son avocat et sa famille, sont inacceptables", a-t-il ajouté.
Cette affaire "illustre le mépris fondamental du gouvernement iranien pour les droits humains, dont ceux des femmes. Nous appelons le gouvernement iranien à renoncer à cette exécution, et à traiter Mme Ashtiani justement, comme elle en a le droit", a-t-il affirmé.
L'Union européenne "très préoccupée"
"Mme Ashton est très préoccupée par les informations selon lesquelles l'exécution de Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani pourrait être imminente", précisent ses services dans un communiqué. Elle demande "à l'Iran de cesser cette exécution et de commuer la condamnation". Une exécution par pendaison de Mme Mohammadi-Ashtiani n'est pas plus "acceptable" qu'une exécution par lapidation, a avertit la Haute Représentante de L'union pour les affaires étrangères,Catherine Ashton.
"Catherine Ashton est aussi préoccupée par le fait qu'elle n'ait pas reçu un procès équitable, d'autant plus que son avocat, Javid Houtan Kian, a été arrêté (de même que le fils de Mme Mohammadi-Ashtiani qui a milité pour sa libération)", indique le communiqué.
Londres exhorte l'Iran à reconsidérer l'affaire
Le secrétaire d'Etat britannique pour le Proche-Orient et l'Afrique, Alistair Burt, s'est entretenu ce mardi à Londres avec le "chargé d'affaires iranien". Ce dernier "n'a pas été en mesure de confirmer ou non les informations de presse" sur l'exécution imminente de Mme Mohammadi-Ashtiani, indique un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères. Alistair Burt "exhorte le chargé d'affaires iranien à réexaminer le cas de Mme Ashtiani", ajoute le texte.
Le secrétaire d'Etat a insisté sur le fait que "l'exécution de Mme Ashtiani serait considérée comme totalement inacceptable". "Ce serait un acte que nous et nos partenaires européens condamnerions. J'espère que le monde obtiendra une réponse satisfaisante de la part des autorités de Téhéran", a-t-il ajouté.
La France espère une peine commuée
"Nous n'avons cessé de mobiliser l'ensemble de la communauté internationale (...) pour que le ministère iranien des Affaires étrangères commue cette peine. C'est ce que nous espérons, que cette peine soit commuée et que cette femme échappe à cette condamnation", a déclaré le secrétaire d'Etat en réponse à une question à l'Assemblée nationale de la députée socialiste Marylise Lebranchu.
C'est "un châtiment épouvantable, véritablement barbare et d'un autre âge", a-t-il ajouté. Et "ce n'est pas le seul cas en Iran".
Le Parti socialiste mobilisé
"Il faut tout faire pour éviter que cette exécution barbare ait lieu", s'est alarmé le socialiste Pouria Amirshahi, également secrétaire national aux Droits de l'homme.
"Le Parti socialiste demande au gouvernement iranien de ne pas mettre en oeuvre la lapidation de Sakineh, à qui un procès équitable doit être garanti", a-t-il ajouté.
"Face à tant d'inhumanité, la France doit tenir un discours de grande fermeté. Il est grand temps de mettre la question de la torture et de mises à mort au coeur des rendez-vous diplomatiques futurs", a-t-il affirmé.
Les comités de soutien inquiets
A Paris ce mardi, à l'appel de "La Règle du jeu" du philosophe Bernard-Henri Lévy et d'associations, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant l'ambassade d'Iran. Leur but? Exiger la libération de Sakineh et réclamer une pression internationale accrue sur le régime de Téhéran.
"Si cette femme est exécutée, c'est notre liberté à tous qui sera mise à mal", a affirmé Sihem Habchi, de l'association de défense des droits des femmes "Ni putes ni soumises". Il a appelé également "le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui ne l'a pas encore fait, à prendre position".
Les commentaires récents