Comme annoncé dans nos pages par le maire Jean-Pierre Corbisez (lire notre édition de dimanche), la mairie d’Oignies était fermée ce mardi. La raison ? Les 180 agents ont décidé d’exercer leur droit de retrait, soutenus par le premier magistrat, en solidarité avec les deux policiers municipaux agressés vendredi. Aucune date de réouverture des services n’est prévue pour le moment.
- l est 11 h 50, Yanice est devant l’école Pantigny pour faire la circulation. Il n’est pas policier municipal, il est agent de prévention. « Mais je travaille avec les policiers municipaux qui ont été agressés. J’ai été choqué. Ça aurait pu être n’importe qui. Ça fait peur de voir ça». Vendredi, ses collègues ont été agressés alors qu’ils tentaient d’interpeller un motard qui circulait rue Pasteur, sans casque et sur une roue (lire l’encadré). L’un d’eux s’est vu attribuer une ITT (incapacité totale de travail) de quatre jours et tous deux sont aujourd’hui en arrêt de travail.
Alors Yanice assurait la sécurité pour la sortie d’école ce mardi mais il ne fera que cela dans la journée. Comme les 180 agents que compte la commune, Yanice a en effet fait valoir son droit de retrait « par solidarité ».
Ce mardi, la mairie était donc portes closes avec une affichette sur la porte pour avertir les administrés (notre photo). Une grande banderole a également été déployée sur l’hôtel de ville indiquant « Policiers municipaux agressés = élus et fonctionnaires en colère ». Seuls les services dits « indispensables » (sécurité aux abords des écoles, garderie, cantine, etc.) étaient assurés.
Coup de pression
Car pour Jean-Pierre Corbisez, la coupe est pleine, la colère monte et il compte bien mettre la pression. « Je suis allé ce matin (hier matin) en sous-préfecture de Lens pour apporter tous les papiers en cours au service d’état civil. J’ai aussi remis mon écharpe d’officier d’état civil ». Le maire estime que la sous-préfecture a un rôle à jouer pour que cela cesse. « Il faut un accompagnement des services de justice. Car sur la question des motos-cross, si les policiers municipaux ne les prennent pas en flagrant délit, ils n’écopent que d’une amende. Alors, on pousse à faire des flagrants délits pour qu’il y ait des condamnations et voilà ce qui arrive. Il nous faut du renfort. » Jean-Pierre Corbisez exige donc que des policiers nationaux viennent épauler les municipaux, surtout en ce moment où, avec ces deux arrêts de travail, il ne reste qu’un seul policier municipal et une secrétaire assermentée en poste.
Quant à la reprise du travail, elle n’est pas encore évoquée. Le maire veut un geste de la sous-préfecture ainsi que l’arrestation des auteurs de l’agression. Un autre coup de pression pour que cette affaire soit élucidée.
«L’enquête est en cours»
Il y a peu, nous étions sur le terril 116 d’Oignies avec les policiers municipaux et les gardes nature d’Eden 62. La guerre semblait déclarée contre les irrespectueux amateurs de moto-cross. Et l’envie de les prendre en flagrant délit était sur toutes les lèvres.
Vendredi, quand les policiers municipaux se sont fait agresser rue Pasteur, c’était dans le cadre d’un flagrant délit. Ils ont vu passer un motard sans casque et sur une roue et sont intervenus. Un groupe de jeunes leur est alors tombé dessus.
Un contrôle
qui a mal tourné
« C’est un contrôle qui a mal tourné. Il faut savoir qu’il est interdit de circuler en moto-cross, sans plaque, sur la voie publique, précise le commissaire divisionnaire Lejeune, de la police nationale. Ces comportements produisent nuisances et incivilités et nous multiplions les opérations de contrôle pour réprimer cela sans mettre en danger la vie des usagers. »
Car il n’est jamais simple d’interpeller en flagrant délit un véhicule en mouvement. Ici, ce sont les policiers qui ont été victimes, « mais imaginez que le motard prenne la fuite et tombe de son véhicule sans casque, ou qu’il heurte un piéton… Alors là, ce sont les policiers qui risquent d’être inquiétés », poursuit le commandant Dorel.
Le flagrant délit n’est pas non plus la seule solution. Des riverains pourraient témoigner contre des contrevenants récurrents mais souvent la peur des représailles est plus forte. « Mais si un conducteur est identifié, il peut être poursuivi par le parquet et se retrouver devant le tribunal de police ». ce qui arrive de plus en plus fréquemment.
Concernant l’affaire oigninoise, « l’enquête est en cours ». Deux arrestations ont eu lieu et une garde à vue a été prononcée. mais les deux individus en question n’étaient que spectateurs de la scène, « et la complicité passive n’est pas un délit en France ». Les investigations se poursuivent donc afin d’identifier et arrêter les auteurs des coups. Depuis hier, les patrouilles de police sont par ailleurs renforcées sur le secteur d’Oignies. A.-C. G.
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