Au centre hospitalier d’Hénin-Beaumont, c’est avec un pincement au cœur que l’on voit partir Bernard Poulain
Que d’éloges jeudi lors de la réception de départ de Bernard Poulain, directeur du centre hospitalier d’Hénin-Beaumont. C’est vrai que rares sont les cérémonies où l’on règle ses comptes, mais là, vu l’émotion et les sourires régnant dans la salle, ça sonnait vrai. De quoi empourprer les joues de celui qui se lance dans une reconversion professionnelle, dans le privé cette fois, mais toujours dans le médico-social.
« Vous allez voir, ce Poulain-là n’est pas un mauvais cheval ». Devinez de qui sont ces mots ? De Bernard Poulain, lui-même. Des propos repris par Jean-Bernard Lemaire, président de la CME (commission médicale d’établissement), qui se souvient : « c’est ce que le nouveau directeur du centre hospitalier m’a dit lors de notre première rencontre à son arrivée ici en 2008 ». Et visiblement non, ce Poulain-là ne l’a pas déçu. « Vous êtes l’un des meilleurs directeurs que j’ai connu en 30 ans de carrière. Un homme qui a rassuré le personnel traumatisé par une expérience difficile avec une précédente direction. Vous avez su moderniser cet établissement et fédérer l’ensemble des équipes », poursuit celui qui n’avait préparé aucun discours pour, selon lui, laisser parler son cœur. « Je vous donne toute ma reconnaissance d’avoir été pour nous un grand patron. Un grand merci ». Rien que ça. Bernard Poulain est ému, M.Lemaire aussi. Entre les deux hommes, il y a un visiblement un profond respect.
Un humaniste
Et la valse des compliments ne s’arrête pas là. Cette fois, c’est Georges Bouquillon, en tant que président du conseil de surveillance, qui va peindre un portrait très humain de celui qui, en aparté, lui a demandé d’être concis. Car visiblement, Bernard Poulain, c’était un directeur qui mêlait respect et bienveillance envers le personnel et efficacité. Cet ancien brillant cycliste sur piste, empêché d’être professionnel à cause d’une mauvaise chute, n’a pas l’air d’aimer les protocoles, préfère une poignée de main bien franche, pour avancer toujours vers le bon chemin. C’est sans doute cette personnalité sans chichi, qui lui a permis en moins de cinq ans, de changer l’image de l’hôpital héninois. Et l’anecdote de M. Bouquillon l’illustre : « la première fois que vous êtes arrivé à Hénin, vous n’aviez pas de GPS, alors vous avez demandé à un piéton votre route. C’est comme ça que vous vous êtes retrouvé devant la polyclinique. Nouveau piéton, nouvel échec. Au bout de trois piétons, on vous a emmené àl’hôpital Charlon (un nom connoté hôpital psychiatrique de l’époque). Que de chemin parcouru pour que ce centre hospitalier d’Hénin-Beaumont soit reconnu comme tel ! »
Et c’est vrai que l’image du CH a changé, « On a changé de siècle ici », avait estimé le préfet lors de l’inauguration de la clinique Fleury-Joseph-Crépin. Les services d’imagerie, d’addictologie, de diabétologie ont aussi changé de visage et ouvert les bras à la modernité ces dernières années.
Et c’est quoi le style Bernard Poulain ? Eh bien, c’est l’intéressé qui en parle le mieux peut-être : c’est avouer « un goût du risque, avec l’idée de transgresser quelques règles pour accélérer les projets ou les anticiper », c’est aussi « travailler avec l’humain au service d’homme et de femme eux-mêmes au service d’hommes et de femmes fragilisés », et c’est surtout « un sens du devoir, et non pas un sens du pouvoir qui ne mène à rien ».
Comme à son habitude, Bernard Poulain, dans son discours, a été concis, bref, efficace mais aussi un tantinet poète, utilisant les mots de Robert Lamoureux pour conclure son discours. «Gloire au travail », lance-t-il enfin en guise de « The End ».
Dernier directeur
à plein temps ?
Car ce n’est pas la retraite qui attend le dynamique Bernard Poulain. Non, le « grand patron» a d’autres projets en mains désormais. Il vient en effet de reprendre un centre de formation baptisé Action Formation, basé à l’origine en Pévèle, « mais que j’installe désormais ici à Hénin-Beaumont ». Le directeur d’hôpital public se tourne donc vers le privé mais ne change pas complètement de cap, « c’est un centre de formation sanitaire et médico-social. Je reste dans une branche que je connais », sourit-il.
Mais le centre hospitalier perd là un directeur vouait à plein temps à l’établissement héninois. Car depuis le 2 septembre, c’est Edmond Mackowiak, qui assure la direction par intérim. Un homme qui est aussi le directeur du CH de Lens et qui assurera donc une direction commune. Quand à l’EHPAD d’Avion que dirigeait aussi Bernard Poulain, c’est la directrice adjointe Anne-Sophie Delhaye, qui en prend désormais les rênes.
Une nouvelle organisation, décidée par l’Agence régionale de santé (ARS) qui fleure les économies à plein nez. Car vraisemblablement, cet intérim est prévu pour durer…
EXTRAITS ARTICLE VDN DE CE JOUR
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