Est-il possible à Hénin Beaumont, d’émettre une critique envers une politique sans que celui qui l’incarne, ne se sente personnellement attaqué ? Je le souhaite, car s’il en était autrement qu’en serait-il du débat démocratique ? David Noël a, à mon sens, tort, de souvent considérer comme une attaque personnelle ce qui n’est rien d’autre que la critique d’une action politique.
Dans son article récent au sujet de l’Escapade que dit-il ?....Lisons le :
« Cette stabilisation est d’ailleurs recherchée par l’équipe de l’Escapade. Sur la saison 2007-2008, 97 spectacles ont été joués : concerts, petites formes dans les quartiers, pièces de théâtre, soirées slam, restitutions d’atelier... Sans les mois de juillet et août, on arrive à une moyenne d’un spectacle tous les trois jours.
Ce rythme élevé a des conséquences par exemple sur les pratiques amateurs : les participants des ateliers théâtre – dont je suis – n’ont pratiquement jamais pu répéter en plateau. ».
Tout est dit : Un spectacle tous les trois jours et l’impossibilité d’exploiter suffisamment cet équipement.
Or, dans une ville de 27.000 habitants, peu favorisée du point de vue socio culturel, ce qui compte le plus est nullement la quantité de spectacles, mais l’effort pédagogique nécessaire pour que la population puisse s’approprier cet équipement en particulier, et la culture en général…et l’effort doit être plus important en direction des plus défavorisés.
Je me sens tout à fait à l’aise pour tenir ce discours. En Novembre 2002, en ma qualité d’adjoint à la culture je tenais lors d’une conférence de presse les propos suivants : « Ce qui nous importe n’est bien évidemment pas de remplir à tout prix les salles, mais de toucher à la nature des choses, de s’attaquer aux causes. C’est là qu’est notre rôle d’élu en dehors de tout populisme. C’est de la politique au sens noble du terme.... ».Plus loin j’ajoutais : « Il est clair que, notre mission si elle ne s’accompagne pas d’une finalité pédagogique et éducative, ce ne sera que du bluff ! » ( VDN : 22 11 2002).
Pour en revenir aux propos cités par David Noël plus haut, j’aurais presqu’envie de dire que tout ce qui se passe à l’Escapade en dehors des spectacles est plus important que les spectacles eux- même. (même si ceux-ci sont indispensables…c’est une question de dosage.)
Disant cela, je ne mets pas David Noël en cause. Il hérite d’une situation qui dure depuis sept ans. Je mets encore moins en cause l’équipe de l’Escapade. Pourquoi ? Tout simplement, parce que cette équipe (tout comme d’ailleurs les autres équipements culturels) est totalement livrée à elle-même.
Pour qu’il en soit autrement, il faut un véritable projet culturel…et celui-ci doit être conçu, mis en œuvre et évalué en concertation avec tous les partenaires : Associations, Ecoles Collèges, Lycées, partenaires sociaux, justice, maisons de retraites etc. Ce projet ne saurait être celui d’un seul équipement, il doit au contraire être transversal…Peu importe l’équipement, ce qui compte, c’est l’accès à la culture et l’on peut s’y introduire par n’importe quelle porte. Au final, ce qui compte n’est pas d’avoir vu une pièce de théâtre, un film, ou une exposition mais d’être en capacité de s’interroger sur ce monde qui nous entoure. Il s’agit donc d’un vaste chantier. Il s’agit ni plus ni moins de mettre en œuvre des véritables états généraux de la culture.
La culture repose donc sur une véritable ambition politique, pédagogique et éducative. Il faut néanmoins rester réaliste : Une ville de 27.000 habitants n’a pas les moyens de subvenir à toutes ses envies. A cet égard, la frilosité de la CAHC est plus qu’inquiétante, tout comme sont inquiétants les ,ô combien, consensuels propos de mon ami Bernard Czerwinski, maire de Drocourt. Dire que l’Etat se désengage ne saurait justifier le désinvestissement culturel d’une communauté d’agglomération qui n’a pas hésité à matraquer les contribuables avec une hausse des impôts à hauteur de la bagatelle de 172% ! Ce désinvestissement de la CAHC est d’autant plus inquiétant que la majorité des projets devront être portés par celle-ci pour être subventionnés par l’Etat. Sans tomber dans la polémique, j’aurai presque envie de dire qu’il eût mieux fallu investir dans la culture plutôt que rétribuer à prix d’or des bureaux d’étude chargés d’imaginer des projets pharaoniques auxquels personne ne croyait.
La situation est donc difficile, mais elle n’est pas désespérée. Ce sujet est capital .Il y va de l’avenir de nos enfants. J’invite le maire de Hénin Beaumont à contacter les forces vives de notre ville sur ce sujet et de rassembler les états généraux dont j’ai parlé plus haut. A titre rigoureusement personnel et en toute modestie, je suis prêt à y contribuer. A la fin des années 90, notre ville, grâce au Contrat Local d’Education Artistique faisait partie des 23 les plus dynamiques de France. Elle peut redevenir un modèle culturel. Il suffit d’en avoir l’envie.
Georges BOUQUILLON.
La culture, voilà un beau sujet.
Rédigé par : motive(e) | 14 octobre 2008 à 22:01
Georges, tout à fait d'accord avec cette analyse et ces propositions.
- S'il y a bien un budget à préserver c'est celui de la culture..., surtout dans le sens indiqué, c'est à dire celui d'une culture libératrice, qui permette à chacun de s'exprimer, quel que soit le langage (le support) utilisé.
- Comme la CAHC ne me semble pas prête à en assurer le leadership, et en cela elle faillit à sa mission, l'idée que la ville d'HB impulse le mouvement me semble une idée excellente, à condition que tous ceux qui sont concernés y participent.
L'équipe de l'Escapade se réjouirait d'une telle initiative.
A David Noël de porter le projet et nous le suivrons avec enthousiasme...
Rédigé par : Alain Alpern | 15 octobre 2008 à 19:30
La culture.
Ce n'est qu'en semant sur un terreau adapté à la germination qu'on pourra un jour espérer une vraie récolte de fruits mûrs.
La culture dans la ville ne doit pas être une affaire de vitrine qui servirait les seuls intérêts de quelques uns mais plutôt la mise en chantier logique , sote dEtats Généraux de la culture sur le plan local . Allez y Monsieur l'Adjoint, votre formation pédagogiquer plus que votre formation politique devrait vous prédestiner à la conduite avisée d'une démarche plurielle, démocratique, rassemblant TOUS les partenaires d'une pareille entreprise. RASSEMBLER artistes- administrateurs- citoyens concernés- gestionnaires des structures d'accueil- consommateurs adultes- collégiens et lycéens-bénévoles des associations pour élaborer une véritable charte de la culture dans la ville? recencer TOUS les financements possibles, d'où qu'ils viennent. La tâche n'est pas facile Monsieur l'Adjoiont, vous serez à la fois critiqué par vos adversaires naturels qu'il vous faudra enfin accepter comme tels ( n'est-ce pas cela faire de la politique?) et encensés pour les plus belles réussites, vous serez rejoint ou abandonné mais qu'importe si vous avez fait avancer le fait culturel et l'idée que la CULTURE bien conçue et bien " administrée" est génératrice pour l'homme de développement et d'acceptation raisonnée de sa place dans la cité.
Beau projet pour vous Monsieur David NOEL, vous êtes naturellement comptable devant les citoyens de votre action. A ce titre n'attendez pas d'indulgence, vous avez été choisi, cela vous impose plus qu'à tout autre une rigueur déontologique dont je sais que vous aurez à coeur de vous acquitter. Au travail? EN ACCEPTANT LA PAROLE DE TOUS.
Rédigé par : NOSTRA | 16 octobre 2008 à 13:17
Merci à Alain et Nostra pour vos commentaires. Il s'agit là d'un sujet tellement important qu'il doit être possible de contribuer à la remise sur rails de la politique culturelle indépendemment des légitimes divergences politiques.
Rédigé par : BOUQUILLON | 16 octobre 2008 à 13:24